En 1970 sort chez Philips le 11ème album studio de Barbara arrangé par Michel Colombier et accompagné par Roland Romanelli.
En plus de “l’aigle noir” qui sera le grand succès populaire de cette année, on trouve une autre chanson marquante de l’artiste dans cet album
C’est « Drouot », une des chansons les plus touchantes de l’artiste, hymne à la mémoire de ceux qui ont tout perdu, inspirée par l’hôtel des ventes de Paris qu’elle connaissait par cœur l’ayant fréquenté bien des fois !
Il existe plusieurs reprises de cette chanson, la dernière tout à fait exceptionnelle par Depardieu accompagné au piano par Gérard Daguerre Et ce n’est pas étonnant que l’acteur ait repris ce titre, à quel point il est cinématographique !
Il profite de cette chanson pour dénoncer à la fin de celle-ci avant le dernier couplet dans un incroyable texte vraiment sublime écrit par ses soins la vente aux enchères des objets personnels de l’artiste de sa maison de Précy (comme son fameux rockin’ chair) effectuée deux ans après sa disparition.
Vente ou l’on a fait selon les propres mots de l’acteur « du commerce avec ses trophées… », ajoutant aussi ces mots superbes « Il faudra un jour qu’un commissaire priseur me dise comment diable l’on calcule ce qui n’a pas de prix !… ».
Mais le relevé que j’ai fait ici est à partir de l’original que j’ai été obligé de simplifier (il y a deux pianos dans l’accompagnement, l’un joué par Barbara, l’autre joué je pense par Roland Romanelli à l’accordéon éléctronique ou il passe du son d’accordéon à celui de piano)
Dans les paniers d’osier de la salle des ventes
Une gloire déchue des folles années trente
Avait mis aux enchères, parmi quelques brocantes
Un vieux bijou donné par quel amour d’antan
Elle était là, figée, superbe et déchirante
Ses mains qui se nouaient, se dénouaient tremblantes
Des mains belles encore, déformées, les doigts nus
Comme sont nus, parfois, les arbres en Novembre
Comme tous les matins, dans la salle des ventes
Bourdonnait une foule, fiévreuse et impatiente
Ceux qui, pour quelques sous, rachètent pour les vendre
Les trésors fabuleux d’un passé qui n’est plus
Dans ce vieux lit cassé, en bois de palissandre
Que d’ombres enlacées, ont rêvé à s’attendre
Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes
Mais les choses nous parlent si nous savons entendre
Le marteau se leva, dans la salle des ventes
Une fois, puis deux fois, alors, dans le silence
Elle cria: “Je prends, je rachète tout ça
Ce que vous vendez là, c’est mon passé à moi”
C’était trop tard, déjà, dans la salle des ventes
Le marteau retomba sur sa voix suppliante
Elle vit s’en aller, parmi quelques brocantes
Le dernier souvenir de ses amours d’antan
Près des paniers d’osier, dans la salle des ventes
Une femme pleurait ses folles années trente
Et revoyait soudain défiler son passé
Défiler son passé, défiler son passé
Car venait de surgir, du fond de sa mémoire
Du fond de sa mémoire, un visage oublié
Une image chérie, du fond de sa mémoire
Son seul amour de femme, son seul amour de femme
Hagarde, elle sortit de la salle des ventes
Froissant quelques billets, dedans ses main tremblantes
Froissant quelques billets, du bout de ses doigts nus
Quelques billets froissés, pour un passé perdu
Hagarde, elle sortit de la salle des ventes
Je la vis s’éloigner, courbée et déchirante
De ses amours d’antan, rien ne lui restait plus
Pas même ce souvenir, aujourd’hui disparu…
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